« De grâce, ne prenez pas vos désirs pour des banalités ! » Brigitte Fontaine
Admiré par Jean Ferrat, Juliette Gréco, Henri Salvador, Claude Nougaro, Jacques Higelin et Anne Sylvestre, le poète et chanteur Allain Leprest fut un être empli d’amour mais peu avide de gloire, qui crama sa vie à grandes bouffées de cigarette dans le chaudron des mots. Devant l’anorexie générale des corps et des cerveaux en manque de « contenus », il a entretenu un foyer peuplé de vieilles voisines, de tenanciers, de putes et de truands, où tout ce qui est sublime ou dégueulasse porte un joli nom ! Ses vers ardents crépiteront dans la mâchoire brûlante du comédien Philippe Torreton, allumant un chant électrique décuplé par les coups de foudre du batteur Edward Perraud… Remuant terre et ciel, la poétesse Aurore Laloy, la violoncelliste Automne Lajeat et la trapéziste Tarzana Fourès n’auront qu’à propager l’incendie par un implacable retour de femmes !
« Toutes lumières éteintes, elle voit le feu, cette vie glorieuse, ce bijou sauvage, cet oiseau d’enfer et de paradis. ». Ignifugée contre la raison du plus mort, l’incombustible Brigitte Fontaine ne se cache derrière aucun buisson, fut-il ardent, pour cracher sa lave d’amour, de liberté, de joie et de folie à la farce du monde ambiant. Il faut dire qu’avec Loïc Lantoine, Denis Charolles, Oriane Lacaille et la bande des Musiques à Ouïr à ses côtés, on comprend que la flemme-Fontaine ne puisse s’empêcher de nous rendre visite une fois tous les 5 ans, entre deux présidents, quelques milliers de clowns, de rêves et d’acrobattants ! Les rideaux de fer dressés entre la chanson, le free-musette et le barock’n roll peuvent bien fondre comme des icebergs au milieu du Sahel, et l’équilibriste Vimala Pons faire jeu de toute voix par une dernière pirouette : face aux écrans de fumée, idées bidons et autres pannes des sens, mettons le feu aux planches.